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Travail sur un fait divers -  l'assassinat de Marie-Jeanne Meyer dit "l'affaire Marie Jeanne"-, survenu en juin 2011, à Tournon/Rhône, Ardèche.

La Colline

Projet photographique 2011/2012

     "J'avais pris le parti de faire disparaître quelque chose de mauvais, un chaudron de sorcière rempli à ras bord d'une mixture fumante de refus, de bris et d'outrages et il n'y avait personne, pas de raison, de chimère qui réussisse à me persuader que je n'avais pas bien fait. Je me rasseyais. Je sentais de nouveau la terre sous moi, le tronc de l'arbre entre les omoplates puis je les sentais de moins en moins. Je ne distinguais plus ce qui était os et peau de ce qui était écorce et bois. J'enserrais les genoux avec les bras et je faisais face à l'obscurité, celle qu'il y a dedans, mais je ne discernais plus de celle qui régnait dehors, où les cohortes des chimères se reformaient pour m'assaillir, me faire lever." 

Pierre Bergounioux, L'Orphelin.

Tournon-sur-Rhône, colline de Pierres, hameau de Bombrun, 18 juin 2011, après 18 heures. Une jeune voisine ne revient pas de sa course quotidienne. Son corps est retrouvé trois jours plus tard dans une fosse, au nord de la colline, dans la zone dite des "Fourches". Méconnaissable, démembré, incomplet, en partie carbonisé, recouvert de pierres et de branchages.

Le projet photographique "La Colline" est né de cet impensable. Il raconte le difficile parcours d'un deuil individuel et collectif et de la nécessaire résilience. Comment poursuivre la vie dans un lieu dévasté par un drame humain de cette espèce ? Comment la perception des lieux peut-elle s'inverser, transformant un espace naturel initial paradisiaque en un espace hostile, habité par l'imaginaire de l'horreur, de la violence gratuite, de la mort soufferte, de la peur aussi pour soi et pour ceux qui restent ?

Combien de fois ne pas souhaiter sortir de ce cauchemar ? Combien de fois ne pas imaginer voir l'enfant apparaître à nouveau, comme si rien n'avait été dans ce paysage qui avait été le sien et qui devait encore être le nôtre ?

Pendant un an, je me suis imposée de réinvestir les lieux dévastés. Chaque déplacement gardait sa trace par une photo et un ancrage sur la carte de la colline. Le deuil passait ainsi par l'affirmation de l'indispensable réappropriation de l'espace, contre la mort.

 

 

 

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