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SUZANNE

 

« en dessous, quelque chose comme une sérénité secrète liée à l’ancrage dans l’espace, à l’encrage sur la croix, de cette mort qui cessait enfin d’être abstraite »

Georges Perec, W ou le souvenir d’enfance.

 

 

Quand, fille de ma mère, je reçus d'elle, il y a quelques années, la maison de Villaines-les-Rochers, je savais que j'héritais de beaucoup.

Cette petite maison aux toits bleus et aux volets  blancs, sertie de tuffeau dans le modeste creux d'un val, avait observé, en d'autres temps, une autre vie. Elle avait vu naître ma grand-mère, et l'avait vue mourir.

Dans la petitesse de ses murs, une vie s'était tenue, et l'avait empreinte.

Il en restait encore des traces, d'ailleurs : quelques derniers vêtements, un mobilier pauvre, des objets simples.

Et jamais l'absence ne me semblait aussi tangible.

 

Depuis cette disparition, je séjourne régulièrement dans cette maison, accompagnée de ma mère et de ma fille.

 

Les séries photographiques "Suzanne" portent en leur centre mais en filigrane le personnage de la défunte, ombre tutélaire.

Les personnages visibles, au nombre de trois, sont des figures féminines, "filles" de l'aïeule : fille, petite-fille, arrière-petite fille.

Elles réoccupent la maison familiale dans ses espaces domestiques fonctionnels (cuisine) et intimes (douche, lit...). Ainsi montrent-elles, par le réinvestissement des lieux ou même l'utilisation des choses, le port de vêtements (vieux pull, blouse de travail...), ou même encore tout naturellement par leurs corps (ressemblance), la présence de l'absente qu'elles réinventent.

De plus, à chaque séjour, elles font, à partir de la maison, une promenade en boucle, chacun de ces itinéraires ayant été un de ceux accomplis par Suzanne autrefois.

 

 

- Promenade 1- L'Ajonc- 6, 7, 8 novembre 2012

-Promenade 2- Javesnon- 28, 29, 30 avril 2013

- Promenade 3- Le Bourg - 28, 29, 30, 31 octobre 2014

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